
Face à une crise de service sans précédent qui exaspère les usagers, la Société d’Énergie et d’Eau du Gabon (SEEG) est placée sous haute tension. Loin des réformes cosmétiques, le gouvernement a enclenché une véritable thérapie de choc pour restructurer en profondeur un navire amiral « en très haute mer, par temps menaçant ». Une nouvelle équipe dirigeante a été installée le 3 juin 2025 avec un mandat clair et un ultimatum de six mois pour redresser la barre d’une entreprise jugée inefficace et plombée par des charges structurelles écrasantes.
Le Diagnostic : Une Entreprise « en Perdition »

Depuis des années, le quotidien des Gabonais est rythmé par les délestages intempestifs, les coupures d’eau fréquentes et une infrastructure vieillissante. Cette situation critique, qualifiée de « gestion désastreuse » par les populations, a conduit l’État à placer la société sous administration provisoire en août 2024 pour éviter le naufrage.
Avant la réforme, la SEEG était une structure tentaculaire et coûteuse. Avec 53 directions, la chaîne de commandement était diluée, favorisant l’inefficacité. Plus alarmant encore, la masse salariale représentait jusqu’à 24 % des charges de l’entreprise, un ratio jugé insoutenable comparé aux investissements faméliques.
La Cure de Choc

Mettant fin à l’administration provisoire le 28 mai 2025, le gouvernement a confié les rênes à un nouveau tandem, Léon Méviane, au poste de Président du Conseil d’Administration, et Steeve Saurel Legnongo, comme Administrateur Directeur Général. Leur feuille de route, transmise par le Ministre de tutelle, est un véritable plan de restructuration d’urgence.
Les premières mesures annoncées sont radicales et visent à assainir la structure de l’entreprise.
On note ainsi une réduction drastique de l’organigramme avec le nombre de directions qui passe de 53 à seulement 16, afin de créer une organisation plus agile et réactive.

Un audit du personnel est en cours et devra aboutir à des réaffectations, des départs à la retraite et des sanctions disciplinaires ciblées contre les auteurs de fraudes.
L’objectif est de réduire progressivement le poids des salaires de 24 % pour atteindre une cible de 12 à 15 %, libérant ainsi des marges de manœuvre financières pour l’investissement.
La Scission des Activités

Au-delà de l’assainissement interne, la réforme la plus structurante est la séparation à venir de la SEEG en deux entités distinctes, l’une pour l’eau et l’autre pour l’énergie.
Ce projet, actuellement en « phase d’étude avancée », vise à améliorer la transparence dans la gestion des flux financiers et à attirer des investissements plus ciblés pour chaque secteur.

La scission devrait permettre de spécialiser les compétences techniques et de mettre fin à une « interférence » dans la gestion qui a longtemps nui à la performance globale.
La nouvelle direction a six mois pour que les usagers constatent une amélioration tangible. Le défi est colossal, il s’agit non seulement de transformer une culture d’entreprise, mais aussi de moderniser rapidement les infrastructures pour restaurer la confiance largement effritée de la population.



